C’était mieux autres fois qu’aujourd’hui comme le disait un écrivain. Ils étaient venus, disent-ils, pour « redresser » le pays, remettre les institutions sur pied et rendre le pouvoir au peuple. Trois ans après leur arrivée au pouvoir, les militaires guinéens, emmenés par le général Mamadi Doumbouya, donnent l’impression non pas de rebâtir la démocratie, mais plutôt de la saboter, pierre après pierre. Cela ressemble à une destruction au lieu de refondation.
La récente vague de disparitions de journalistes et d’activistes, souvent opérée dans l’ombre, sans mandat ni explication, témoigne d’un climat de terreur installé sciemment. Des hommes et des femmes qui n’ont pour armes que leur plume ou leur parole libre sont désormais des cibles. Le pouvoir traque les voix critiques, tente de les faire taire ou de les faire disparaître, littéralement. Où est passé Habib Marouane Camara ? Foniké Mangué ? Billo Bah ? Pourquoi Abdoulaye Oumou Sow ou encore d’autres défenseurs des droits humains se retrouvent-ils persécutés ou contraints à la clandestinité ? Le silence des autorités sur ces cas est un aveu de culpabilité à tel point que le porte-parole du gouvernement a soutenu devant la presse qu’un homme a droit à la disparition en Guinée. Pour l’instant, on se demande s’il a bien compris le sens de l’autorité et de responsabilité.
Le pouvoir reprime sans gêne. Les autorités n’hésitent pas à trouver d’explication pour justifier des dérives autoritaires. Tout cela pour une raison: la confiscation du pouvoir. Aujourd’hui, un agenda désormais visible comme le soleil en pleine journée.
Ce que le CNRD avait juré de ne pas faire s’éterniser au pouvoir est en train de devenir son plan d’action principal. Les signaux sont de plus en plus clairs : la transition n’est plus un passage, c’est un point d’ancrage. La promesse de ne pas se porter candidat semble désormais bien lointaine, oubliée, voire moquée dans les actes. Le CNT, loin d’être une assemblée indépendante, est devenu un instrument aux ordres, et les textes produits trahissent les engagements initiaux. Le peuple guinéen se fait gruger, à petit feu.
Dans cette stratégie de confiscation du pouvoir, la fermeture arbitraire de médias radios, télévisions, sites web constitue un levier essentiel. Les voix alternatives, les débats contradictoires, les émissions d’enquête sont peu à peu étouffés. La presse indépendante est réduite au silence, souvent au nom de la sécurité ou de l’unité nationale, ces mots désormais galvaudés pour justifier l’autoritarisme. Et lorsque des journalistes osent franchir la ligne rouge imposée par le régime, c’est l’exil, l’intimidation ou la prison qui les attend. Il est plus facile de commenter pour alimenter une propagande à la solde du pouvoir que de tenter d’informer pour éveiller les consciences.
Tout est fait pour rester après avoir goûter le goût du pouvoir. Une élection présidentielle en 2026 ? Incertitude croissante. C’est une équation difficile à résoudre. La perspective d’une élection présidentielle, censée clôturer la transition, est aujourd’hui recouverte d’un brouillard inquiétant. Entre les déclarations contradictoires du Premier ministre, du porte-parole du gouvernement et de celui de la présidence, les Guinéens ne savent plus à quoi s’en tenir. L’année 2026, pourtant lointaine, semble déjà compromise. Comment organiser une élection crédible dans un contexte de répression, sans presse libre, sans débat public, sans opposition légitime ? Ce flou n’est pas le fruit de l’impréparation, mais d’une stratégie : celle de maintenir le pays dans une transition sans fin, qui profite à ceux qui l’ont prise en otage.
Aujourd’hui, on ne se contente pas à commettre les erreurs du passé mais à faire pire au risque de mettre le pays dans une perte d’élan de progrès. Le régime militaire joue avec le feu. Avec la paix, la démocratie, la confiance populaire. Le CNRD tente de maquiller une dérive autoritaire en transition ordonnée. Mais le peuple guinéen n’est pas dupe. L’Histoire non plus. À quoi joue le régime ? Il joue avec les nerfs d’une nation qui a déjà payé trop cher le prix de l’alternance confisquée. Et tôt ou tard, il devra rendre des comptes. Une phrase qui semble être insensée chez les patrons d’aujourd’hui.
Depuis prataiquement, l’indépendance, la Guinée vit la meme réalité comme l’avait mentionné Thierno Monénembo dans son célèbre ouvrage : <<Eux qui auraient dû être la solution il n’étaient en rien, c’était plutôt eux le problème à la lumière de ma vérité>>.
Le plus incompréhensible, c’est de refuser de tirer les leçons du passé au risque de commettre les pires dérapages.







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