Amnesty International et 17 organisations guinéennes de défense des droits humains appellent à une enquête immédiate, impartiale et transparente sur la disparition forcée de deux militants du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC). Oumar Sylla, coordonnateur national du FNDC, et Mamadou Billo Bah, responsable des antennes et de la mobilisation, sont portés disparus depuis leur arrestation le 9 juillet dernier. Ces organisations ont exprimé leurs préoccupations à l’occasion de la Journée internationale des victimes de disparition forcée.
Malgré plus de sept semaines d’incertitude, le sort des deux militants reste inconnu. Mohamed Cissé, un autre membre du FNDC arrêté avec eux puis relâché le lendemain, a déclaré à Amnesty International que les trois hommes ont été enlevés par les forces de sécurité et soumis à des actes de torture. Selon Cissé, ils ont été détenus sur l’île de Kassa, au large de Conakry, où ils ont subi de violents interrogatoires. À sa libération, Cissé présentait de multiples blessures nécessitant une hospitalisation prolongée.
Les autorités guinéennes, qui n’ont pas ouvert d’enquête officielle, continuent de nier toute implication dans ces disparitions. Un communiqué du 17 juillet, émis par le parquet général de la Cour d’appel de Conakry, affirme que les militants n’ont pas été arrêtés par les autorités et les décrit comme victimes d’un enlèvement. Depuis lors, aucun progrès n’a été réalisé pour élucider leur sort.
« Les disparitions forcées d’Oumar Sylla et de Mamadou Billo Bah sont révoltantes. Les autorités doivent absolument enquêter sur ce qui pourrait constituer un crime de droit international en cours dans notre pays », a déclaré Halimatou Camara, avocate des deux militants.
Un Contexte de Répression Accrue
Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah ne sont pas à leur première arrestation. Les deux militants ont déjà été détenus arbitrairement à plusieurs reprises pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Le 9 juillet, jour de leur arrestation, Oumar Sylla avait lancé un appel sur les réseaux sociaux invitant les citoyens à porter des vêtements rouges le 11 juillet pour protester contre la fermeture des médias et la détérioration des conditions de vie, notamment les délestages électriques.
Le FNDC, dissous par les autorités en 2022, reste actif dans sa critique du régime militaire en place depuis 2021, appelant à un retour à un gouvernement civil. Depuis la prise de pouvoir par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), les autorités de transition ont intensifié la répression des voix dissidentes. La fermeture de médias, la restriction d’accès à Internet et la répression brutale des manifestations ont déjà causé la mort d’au moins 47 personnes entre septembre 2021 et avril 2024, selon un rapport d’Amnesty International.
Appel à la Justice et à la Transparence
Les organisations signataires exigent que les autorités guinéennes respectent leurs obligations internationales en matière de droits humains. Elles demandent également à la Guinée de ratifier la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.
Parmi les signataires du communiqué figurent des organisations telles qu’Amnesty International, Avocats Sans Frontières Guinée (ASF Guinée), l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen (OGDH) et Women of Africa, Femmes d’Afrique (WAFRICA). Ces entités exigent que la lumière soit faite sur les disparitions forcées des militants du FNDC, et que les responsables soient traduits en justice.
Yacine DIALLO
Discussion à propos de cepost