La transition politique en Guinée connaît un tournant avec la démission de Me Mohamed Traoré, membre influent du Conseil National de la Transition (CNT). Dans une lettre adressée au président de cette institution, datée du 13 janvier 2025, l’avocat de renom a officiellement annoncé la fin de sa mission, invoquant l’expiration du délai fixé pour la transition.
Nommé en janvier 2022 par décret présidentiel, Me Traoré représentait les ordres professionnels au sein du CNT, après avoir été désigné par le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats. Dans sa lettre, il rappelle que la durée de la transition avait été fixée à trois ans lors de son adoption en mai 2022 par une session plénière du CNT. Cette échéance ayant été atteinte au 31 décembre 2024, il estime que sa mission est désormais terminée.
La démission de Me Traoré intervient dans un climat marqué par les interrogations croissantes sur la volonté des autorités de respecter le chronogramme initial de la transition. Son geste, bien que motivé officiellement par un retour à ses activités professionnelles, peut être perçu comme une critique implicite du prolongement de cette période transitoire.
« Après consultation du Bâtonnier de l’Ordre des Avocats, qui m’a désigné pour siéger au CNT, et après réflexion, j’ai décidé de me retirer », explique-t-il dans sa lettre. Cette décision, qui semble mûrement réfléchie, est un rappel discret mais ferme de la nécessité de respecter les engagements pris devant le peuple guinéen et la communauté internationale.
La contribution de Me Traoré au sein du CNT, par sa rigueur et son sens du devoir, a marqué de nombreux observateurs. Son départ pourrait laisser un vide au sein de l’institution, alors que le CNT joue un rôle central dans la définition des contours du futur cadre institutionnel du pays.
En quittant cette institution, Me Traoré met également en lumière une question essentielle : le CNT peut-il encore fonctionner avec la légitimité nécessaire si le chronogramme de la transition n’est pas respecté ?
La démission de Me Mohamed Traoré est un signal fort à l’endroit des autorités de la transition. Elle rappelle que le respect des délais est essentiel pour maintenir la confiance des citoyens et préserver la crédibilité du processus.
Alors que la transition semble s’enliser, ce départ pourrait ouvrir la voie à d’autres interrogations, voire inciter d’autres acteurs à remettre en question leur participation à un processus qui semble s’éloigner de ses objectifs initiaux. Pour le CNT, cette démission est un appel à un retour à l’ordre et à la rigueur, indispensables à la réussite de la transition guinéenne.
Yacine Diallo
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