La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a tenu son 66ème sommet de la conférence des chefs d’Etat. Après avoir repoussé la date de la période transitoire de sortie des trois ( Mali, Niger et Burkina Faso), l’organisation sous régionale a annoncé son intention d’envoyer une mission de haut niveau à Conakry, pays en transition depuis le coup d’Etat de 2021. Pour la CEDEAO, cette initiative vise à renforcer le dialogue entre les autorités de la transition et les acteurs politiques du pays.
L’organisation a exprimé sa préoccupation face à la situation sociopolitique en Guinée, marquée par des divergences profondes entre le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), au pouvoir depuis le coup d’État de septembre 2021, et les partis politiques. Ces derniers dénoncent un manque d’inclusivité dans le processus de transition et réclament davantage de garanties pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Certains acteurs de la société civile ont annoncé ne pas reconnaître la légitimité du pouvoir après le 31 décembre 2024.
Cette mission dite de haut niveau, composée de personnalités influentes, devrait jouer un rôle d’intermédiaire pour rapprocher les positions des différents protagonistes. L’objectif est de définir un cadre clair pour les étapes restantes de la transition, notamment l’organisation d’élections crédibles et transparentes.
Alors que le calendrier de transition a été fixé à 24 mois depuis octobre 2022, le processus avance lentement, alimentant les frustrations de l’opposition et de la société civile. Ces acteurs appellent à des mesures concrètes, notamment la mise en place d’un organe électoral inclusif et la finalisation des réformes institutionnelles.
La mission de la CEDEAO, prévue dans les prochaines semaines, sera donc cruciale. Elle devra non seulement évaluer l’état d’avancement des engagements pris par le gouvernement guinéen, mais aussi poser les bases d’une médiation durable pour éviter une prolongation de l’instabilité politique.
La transition guinéenne se trouve à une croisée des chemins. Les prochains échanges entre la CEDEAO, le CNRD et les acteurs politiques seront déterminants pour l’avenir démocratique du pays. L’organisation sous-régionale pourra-t-elle amener les parties à un compromis historique ? La réponse dépendra en grande partie de la volonté des acteurs guinéens de privilégier le dialogue au détriment des affrontements.
Cependant la démarche de la CEDEAO n’est pas aussi légitime aux yeux d’une grande partie de la population et des acteurs politiques guinéens. Et cette décision de l’organisation est perçue comme un aveu d’impuissance et favorise le prolongement du chronogramme de la transition qui devait finir à la fin de ce mois de décembre.
Toutefois, des interrogations subsistent sur l’accueil que les autorités guinéennes réserveront à cette délégation. Le CNRD, dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya, a souvent affiché une posture défensive face aux pressions extérieures, insistant sur la souveraineté nationale et le droit des Guinéens à définir leur propre trajectoire politique.
Avec cette initiative, la CEDEAO réaffirme son rôle central dans la stabilisation de la sous-région et son attachement aux principes démocratiques. Reste à savoir si cette mission de haut niveau pourra transformer les discours en actions concrètes pour une transition apaisée et crédible en Guinée.
M Yacine DIALLO
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