Après le coup d’État de lundi au Burkina Faso, les chefs d’État de la Cédéao se sont réunis ce vendredi en sommet extraordinaire. L’organisation a suspendu le pays de ses instances, demandé la libération du président Kaboré ainsi que des autres responsables arrêtés.
Comme pour le Mali et la Guinée, le Burkina Faso est à son tour suspendu de toutes les instances de la Cédéao. Une sorte de passage obligé de l’organisation sous-régionale après tout coup d’État, qui veut toutefois rester «prudente et ne pas se précipiter», confie un participant au sommet.
«Il s’agit d’une rupture de l’ordre constitutionnel et dans ce cas de figure, nous avons notre protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance», indique Jean-Claude Kassi Brou, le président de la commission de la Cédéao. Ce protocole, rappelle-t-il, comprend trois dispositions majeures : toute accession au pouvoir doit se faire par des élections démocratiques ; toute prise de pouvoir antidémocratique est interdite ; l’armée est apolitique et républicaine.
Privilégier le dialogue
En suspendant le Burkina Faso de toutes ses instances, la Cédéao assure le service minimum. Pas de sanctions économiques ou ciblées pour l’instant donc, même si la question a été débattue durant le sommet. Selon un participant, certains pays souhaitent en effet que le principe de sanctions plus fermes soit inscrit noir sur blanc dans la charte de la Cédéao, en cas de renversement des institutions par la force.
La Cédéao a donc choisi de privilégier le dialogue. Ce samedi, des chefs d’état-major se rendront à Ouagadougou pour entamer le dialogue avec la junte. «Les putschistes ont justifié leur action par le niveau d’insécurité, nos officiers auront donc aussi pour mission d’évaluer la situation du pays », indique une bonne source. S’ensuivra l’arrivée d’une mission politique lundi avec une délégation de ministres ouest-africains attendue à Ouagadougou. Le résultat de ces deux déplacements de hauts niveaux sera étudié lors d’un nouveau sommet extraordinaire de la Cédéao, qui se tiendra jeudi à Accra.
L’organisation sous-régionale va aussi chercher à éclaircir des zones d’ombre. Notamment évaluer le degré de ralliement des forces armées au putsch. « On sait que certains se sont ralliés aux mutins en traînant les pieds », confie un observateur.
Les pays de la sous-région se veulent ainsi prudents et préfèrent ne pas griller les étapes. « L’organisation veut d’abord bien évaluer la situation, utiliser toute une panoplie d’autres mesures avant de prendre davantage de sanctions », confie un observateur. Bref, se donner quelques jours avant de choisir la main tendue ou le bras de fer.
Avec Rfi
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