Conakry, le 24 décembre 2024, le marché de Kiroti, situé dans la commune de lambangni, a été le théâtre d’une vaste opération de déguerpissement menée par le peloton d’intervention de la gendarmerie ce lundi. Zones de débauche démantelées, logements précaires détruits, arrestations des administrateurs : les conséquences de cette intervention sont lourdes pour les occupants, qui se disent victimes d’une injustice.
Les autorités locales ont justifié cette opération en mettant en avant la nécessité de lutter contre les pratiques jugées nuisibles au sein du marché. Parmi les zones démantelées figurent des débits d’alcool, des chambres de passage, et des logements inadaptés. Selon les forces de l’ordre, ces lieux contribuaient à la dégradation du cadre social et à l’insécurité dans cette zone commerciale.
Pris de court par cette intervention, les occupants du marché expriment leur colère et dénoncent des abus. Fatoumata Diallo, vendeuse depuis trois ans au marché de Matoto, fait partie des déguerpis. Elle déplore l’absence de préavis et les conditions dans lesquelles ils ont été expulsés.
« Je paie 35 000 GNF comme impôt et 250 000 GNF de loyer chaque mois, en plus de 30 000 GNF pour l’électricité. Si on ne paie pas à temps, l’administrateur ferme la maison et réclame 500 000 GNF pour rouvrir. Aujourd’hui, on nous fait sortir sans même nous prévenir, alors qu’il n’y a ni eau ni toilettes ici », témoigne-t-elle.
D’autres, comme Amadou Oury, menuisier, acceptent de se soumettre à la décision des autorités tout en dénonçant la manière dont l’opération a été menée.
« Nous n’avons pas été informés à l’avance, mais dès leur arrivée, nous avons obéi pour éviter les affrontements. »
Les occupants pointent également du doigt l’administrateur général du marché, arrêtés lors de l’opération. est accusé de prélèvements abusifs et d’avoir entretenu des pratiques contraires à la législation. Plusieurs témoignages recueillis sur place font état de paiements forcés et de menaces en cas de retard dans les règlements.
Ce mardi, les forces de l’ordre ont intensifié les opérations en retournant sur les lieux, malgré les protestations des occupants. Les autorités ont annoncé que d’autres zones du marché identifiées comme lieux de débauche seront prochainement démantelées, suscitant des inquiétudes parmi les commerçants restants.
Dans un contexte où les déguerpissements deviennent de plus en plus fréquents à Conakry, les occupants du marché de Kiroti appellent les autorités à plus de transparence et de justice dans la gestion de ces opérations. Ils exhortent également le gouvernement à leur proposer des solutions alternatives pour préserver leur source de revenus.
Ce déguerpissement soulève à nouveau la question de l’organisation des marchés à Conakry et de la protection des droits des commerçants, souvent les premières victimes des réformes urbaines.
M. Yacine Diallo
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