Le gouvernement guinéen a annoncé de nouvelles mesures visant à encadrer les activités des formations politiques opérant sans autorisation légale. Cette décision, communiquée par le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, Ibrahima Khalil Condé, a été rendue publique lors d’une déclaration télévisée. Le ministre a exprimé ses préoccupations face à la multiplication des mouvements politiques non conformes. « Nous déplorons la prolifération de structures politiques sans autorisation administrative préalable. Ces entités sont sommées de suspendre immédiatement leurs activités et de régulariser leur statut auprès de notre ministère », a-t-il affirmé.
Le ministère a fixé un ultimatum au 31 janvier 2025 pour que les partis politiques en défaut se conforment aux exigences administratives. Sur les 54 partis suspendus lors d’une précédente évaluation en octobre 2024, seulement 20 ont commencé à régulariser leur situation. En parallèle, 27 des 67 partis placés sous observation restent encore non conformes, selon Camara Zénab Touré, directrice des affaires politiques et de l’administration électorale. Le ministère a averti que les partis ne respectant pas les délais risquent des sanctions sévères, y compris la dissolution.
Cette décision s’inscrit dans un climat marqué par des tensions croissantes entre la junte au pouvoir et l’opposition. Trois jours avant l’annonce, des manifestations ont eu lieu pour dénoncer l’autoritarisme du régime et réclamer un retour à l’ordre constitutionnel. Le général Mamadi Doumbouya, chef de la junte, a promis que 2025 marquerait une étape décisive, qualifiant l’année d’« électorale cruciale ». Le gouvernement prévoit un référendum pour adopter une nouvelle Constitution en mai, suivi d’élections présidentielle et législatives avant la fin de l’année.
Si le gouvernement justifie ces mesures comme un effort pour « assainir l’échiquier politique », elles suscitent des critiques. La dissolution en 2024 de 53 partis et la suspension de 54 autres avaient déjà limité le pluralisme politique, laissant les principales formations d’opposition affaiblies. Les leaders de l’UFDG et de l’UFR, deux partis majeurs, restent en exil, tandis que leurs structures peinent à fonctionner. Par ailleurs, le ministère a exhorté les institutions nationales et internationales, ainsi que les partenaires financiers, à cesser toute collaboration avec les partis suspendus jusqu’à la fin du processus de régularisation.
Alors que 2025 s’annonce comme une année de transition, la pression sur les partis politiques reflète une volonté de contrôle accru par la junte. Cette situation pose des questions sur l’équilibre entre les exigences administratives et la préservation d’un espace politique inclusif et démocratique. Le processus de régularisation des partis et les prochaines étapes politiques détermineront si la Guinée pourra véritablement amorcer un retour à l’ordre constitutionnel dans un climat de transparence et de sérénité.
Yacine DIALLO
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