La Coalition Politique pour la Rupture écrit aux chefs d’Etats de la CEDEAO(Lettre ouverte)

Dans une lettre adressée ce mercredi 22 septembre 2021 aux chefs d’états de la CEDEAO, la Coalition Politique pour la Rupture, CPR, s’est prononcée sur les exigences de l’organisation sous-régionale après le coup d’état du 05Septembre dernier. Elle compte sur un accompagnement intégré sur l’expertise de l’institution en vue de doter la Guinée, à l’issue de cette transition des moyens d’assurer la garantie de la démocratie, la bonne gouvernance, l’alternance et la paix, gage de développement. Merci de lire l’intégralité de la lettre :

S.E. Monsieur le Président,

Suite à votre récente visite en République de Guinée, à la tête d’une importante délégation de chefs d’Etats et de gouvernements de la Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), nous, membres de la Coalition Politique pour la Rupture (CPR), avons appris , par les informations rendues publiques de l’entretien que votre délégation a eu avec les membres du Comité National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD), la junte militaire qui vient de renverser le régime de Monsieur Alpha Condé, que votre délégation a demandé à vos interlocuteurs de :

  1. Organiser les élections législatives et présidentielles dans les six mois ;
  2. Libérer sans condition Monsieur Alpha Condé ;
  3. Faire retourner le pays à « l’ordre constitutionnel ».

Toujours selon ce que nous avons appris, votre délégation a notifié à vos interlocuteurs les sanctions que la CEDEAO a prises à leur encontre. Il s’agit notamment de l’interdiction aux membres du CNRD et de leurs familles de voyager et du gèle de leurs « comptes bancaires ». Nous, membres de la CPR, sommes au regret de constater que de telles décisions soient prises sans aucune consultation des forces vives guinéennes par les émissaires de la CEDEAO. Une telle décision nous paraît difficile à accepter si elle ne tient pas compte de l’avis et des préoccupations des institutions et de la société civile de notre pays.

L’assistance des instances diplomatiques comme la CEDEAO aux pays membres dans les situations de crise est un droit/devoir en application des conventions et traités internationaux. Notre Coalition, la CPR tout en souhaitant cette assistance, préconise qu’elle soit adaptée à la réalité guinéenne. En plus en évitant de rencontrer les forces vives guinéennes pour les entendre, vous cachez a peine l’embarras de la CEDEAO d’avoir été complice du coup d’état constitutionnel perpétré par le régime d’Alpha Condé. Souvenez-vous que toutes les correspondances que les forces vives guinéennes vous ont adressées vous invitant d’user des dispositions des traités et des protocoles de la CEDEAO pour imposer des sanctions contre le régime d’Alpha Condé. Souvenez-vous du recours effectué par le FNDC devant la cour de justice de la CEDEAO, jusqu’à la date de la prise du pouvoir par l’armée pour parachever le combat des forces vives de Guinée, vous n’avez pu nous trouver une solution appropriée.

C’est pourquoi, en ce tournant décisif de l’histoire et de la vie de la Guinée, la CPR invite la CEDEAO à plus d’analyse, de compréhension de la situation et de collaboration avec les forces vives de la Guinée pour une issue harmonieuse des négociations et de la transition en cours.

Maints facteurs négatifs dans la gouvernance par l’Etat guinéen nous ont conduit au coup d’Etat enregistré notamment des morts lors des manifestations pacifiques, la privation des libertés fondamentales, la gabegie, l’impunité, le tripatouillage de la constitution pour ne citer que ceux-là. A cet effet, une correspondance a été adressée, en vain à la CEDEAO par le Front National pour la Défense de la Constitution (F.N.D.C) dans l’esprit d’éviter la situation actuelle.

Si le peuple de Guinée dans sa majorité a salué haut et fort l’intervention des forces armées de Guinée à travers le Comité National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD), en déposant le Président Professeur Alpha Condé, le 05 Septembre 2021, c’est parce qu’il considère cette prise du pouvoir comme un espoir qu’il ne faut en aucun cas remettre en cause.

La majorité des guinéens voit la transition comme une opportunité permettant de reconstruire l’Etat (institutions), de consolider l’unité nationale et de mettre les bases pour une stabilité sociale, politique et économique.

L’approche apaisée et respectueuse des libertés du coup d’Etat, les intentions de la junte et les actes jusque-là posés par celle-ci nous réconfortent et nous encouragent à accompagner les nouvelles autorités du pays pour une transition objective et réussie.

Nous voudrons, pour ces motifs, compter sur un accompagnement intégré sur l’expertise de votre part en vue de doter la Guinée, à l’issue de cette transition des moyens d’assurer la garantie de la démocratie, la bonne gouvernance, l’alternance et la paix, gage de développement.

Dans l’espoir d’une suite favorable, Excellences Messieurs les Présidents et Responsables de la CEDEAO, nous vous prions de bien vouloir agréer l’assurance de notre franche collaboration et de nos respectueuses salutations.

Pour la CPR

Le Coordinateur

Faya Lansana MILLIMOUNO, Ph.D.

Quitter la version mobile