Le Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) a rendu public, ce mardi 4 février 2025, son troisième rapport annuel sur l’état de la liberté de la presse dans le pays. Les conclusions de ce document sont particulièrement préoccupantes, révélant une montée en flèche des attaques contre les journalistes et les médias en 2024.
L’année écoulée a été marquée par une recrudescence inquiétante des agressions contre la presse. Le SPPG recense 70 violations graves, contre 23 en 2023, soit une hausse de 204 %. Parmi ces cas, 32 journalistes ont été séquestrés, tandis que 16 ont été arrêtés arbitrairement, dont deux incarcérés à la maison centrale de Coronthie.
Les violences physiques n’ont pas épargné la profession. Deux reporters d’un média public ont été brutalement battus par des militaires à Conakry, l’un souffrant d’une blessure grave à l’épaule. Le 3 décembre, un journaliste a été kidnappé en banlieue de Conakry, une affaire qui illustre l’escalade des pressions exercées sur la presse indépendante. Ce climat de peur a contraint au moins quatre journalistes à s’exiler avant la fin de l’année.
Le rapport met également en évidence une judiciarisation accrue des cas impliquant les journalistes. Deux des trois procédures engagées ont été instruites sur la base du code pénal, et non de la loi sur la liberté de la presse, remettant en cause les acquis législatifs en matière de protection des professionnels des médias.
Parallèlement, le régime a multiplié les sanctions administratives contre les organes de presse. Quatre radios et deux chaînes de télévision privées ont été fermées à Conakry, et trois journalistes ont été suspendus pour des périodes allant de trois à neuf mois.
La quasi-totalité des violations signalées se sont produites dans la capitale, qui concentre 67 des 70 incidents, soit 95,71 % des cas. La région de Kankan arrive loin derrière, avec trois cas relevés, notamment à Kankan ville et Mandiana.
Face à cette situation critique, le SPPG appelle les autorités guinéennes, les organisations de défense des droits de l’homme et la communauté internationale à agir pour mettre fin aux violences contre les journalistes et garantir un environnement propice à l’exercice du métier.
En 2024, la liberté de la presse en Guinée a subi l’une des pires régressions de son histoire récente. Ce rapport est un signal d’alarme : si rien n’est fait, le pays pourrait sombrer dans une censure généralisée.
M. Yacine Diallo
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