Cette crise que nous traversons en ce moment en Guinée serait bien compréhensible en 1980 où la majorité de la jeunesse était analphabète et croit à une philanthropie des « puissances » qui videraient leurs banques au profit de toute nation qui se soumettrait à leurs principes. Oui, elle serait mieux en 1980 où la jeunesse estimait que l’ajustement structurel, l’adoption d’une démocratie à l’occidentale est la solution à la souffrance du peuple. Cette crise serait aussi mieux en 2009 quand la jeunesse estimait que la Guinée souffrait du manque d’un président civil légitime aux yeux de la communauté internationale. Ces grands rêves légaux et légitimes, jadis ne devraient plus appâter un jeune du 21ème siècle surtout celui qui a vécu les deux dernières décennies de la Guinée. Le retour à l’ordre constitutionnel est et doit être une préoccupation de toute la jeunesse. Mais faire sa réclamation une source de crise aigüe, à un an de la prise du pouvoir par le CNRD, au détriment des chantiers, des réformes administratives, que seuls ceux qui ont des agendas cachés ne voient pas, au détriment des travaux de la CRIEF, une juridiction que les guinéens ont toujours réclamée, est une mauvaise foi, qui ne se justifie ni par la réclamation d’une démocratie factice, légitimée par un ethnocentrisme endémique, à son tour nourri par des scélérats qui se disent politiques, ni par le désir du bonheur longtemps réclamé.
Commettre la même la faute que celle commise en 2010, en brulant les étapes de la transition, parce que nous sommes juste pressés d’être appelé excellence Monsieur le Président République, avoir les sceaux de la présidence et son fond de souveraineté en milliards de franc guinéen, nommer qui on veut où on veut sans aucun contrôle de ces délégués de l’exécutif qui seront maladroitement appelés « pouvoir judiciaire ou législatif » ne nous donnera qu’un autre quinquennat de la dernière décennie, voué aux contestations politiques, alimentés par des discours ethniques et divisionnistes qui accélèrent des affrontements qui ont toujours endeuillés le pays. Si ce n’est l’objectif des uns et des autres. Car certains leaders de la Guinée sont devenus des cannibales qui se nourrissent du sang des innocents et qui utilisent les cadavres comme fond de commerce dans les ambassades et présidences du monde. Nous voulons le retour à l’ordre constitutionnel et non le retour au désordre constitutionnel de 2010.
Je le répète, le retour à l’ordre constitutionnel est une préoccupation pour avoir un pays qui n’est pas sujet constant des sommets des institutions, mais ce retour n’est pas une panacée à la corruption, à l’ethnocentrisme, à la politisation de l’administration, à la pauvreté endémique, à la destruction de l’environnement au nom d’une exploitation minière qui profite qu’à la poche d’un clan.
Abdoulaye Camara
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