Dans le paysage tourmenté de l’éducation guinéenne, rares sont les combats qui ont su allier persévérance, solidarité et dévouement. Depuis 2018, deux figures emblématiques, Alsény Mabinty Camara, Coordinateur national des enseignants contractuels de Guinée, et Moussa Doré, président du collectif des professionnels de l’éducation, ont incarné cette lutte pour la dignité des enseignants contractuels. Un combat acharné qui, six ans plus tard, vient de porter ses fruits avec l’intégration de 10 000 enseignants contractuels communaux à la fonction publique.
Ce parcours n’a pas été de tout repos. Sous le régime d’Alpha Condé d’abord, puis sous celui du général Mamadi Doumbouya, les obstacles n’ont cessé de se dresser sur leur route. Entre promesses non tenues, pressions politiques et conditions de travail précaires, les enseignants contractuels ont souvent été confrontés à l’incertitude et à l’injustice. Pourtant, grâce à la ténacité de leurs leaders et à la mobilisation collective, ils ont su faire entendre leur voix, réclamant non seulement une reconnaissance de leur rôle crucial dans le système éducatif, mais aussi des conditions de travail décentes.
Le rôle des structures syndicales dans cette lutte mérite une reconnaissance particulière. Le Syndicat National de l’Éducation (SNE), la Fédération Syndicale des Professionnels de l’Éducation (FSPE) et le Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG) ont été des piliers dans cette bataille. Leur soutien indéfectible, leur capacité à mobiliser les enseignants à travers tout le pays et leur expertise dans les négociations avec les autorités ont été essentiels pour faire avancer la cause des contractuels. Ces structures ont su unir leurs forces pour défendre un intérêt commun, faisant preuve d’une solidarité qui a transcendé les clivages habituels.
Un autre acteur discret, mais non moins important, mérite d’être salué : Kessery, l’informaticien de la Coordination Nationale des Enseignants Contractuels de Guinée. Son travail en coulisses, qu’il s’agisse de la gestion des données des contractuels ou de la coordination des actions à distance, a été indispensable au bon déroulement de ce mouvement. Dans un contexte où la technologie devient un atout stratégique, son apport a été crucial pour la réussite de ce combat.
Mais si cette victoire marque un tournant historique pour les enseignants contractuels en Guinée, elle laisse encore en suspens le sort de nombreux autres qui n’ont pas été retenus lors de cette intégration. À ces hommes et femmes qui continuent de se battre, qui gardent l’espoir malgré les difficultés, il convient d’adresser un message d’encouragement. Leur résilience est la preuve que ce combat pour la justice et la reconnaissance est loin d’être terminé. Leur engagement demeure vital pour maintenir la pression et s’assurer que tous les enseignants contractuels puissent un jour obtenir ce à quoi ils ont droit : une intégration pleine et entière au sein de la fonction publique.
En définitive, l’intégration des 10 000 enseignants contractuels est une victoire éclatante, mais elle doit aussi servir de point de départ pour un système éducatif plus juste et plus équitable. La mobilisation syndicale, les efforts des leaders et l’implication de chacun doivent continuer de guider la lutte pour un avenir meilleur. Parce que l’éducation, c’est avant tout une question de dignité humaine.
Mohamed Lamine Touré, secrétaire général du réseau des journalistes pour l’éducation Guinéenne
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