Alors que la Guinée s’apprête à organiser des élections pour marquer la fin de la transition, un rapport des Nations Unies met en évidence de nombreuses failles dans le processus électoral. La mission d’évaluation des besoins électoraux (NAM), envoyée à Conakry à la demande du Premier ministre, dresse un tableau préoccupant de la situation politique et institutionnelle du pays.
Le document onusien met en lumière une méfiance grandissante entre les acteurs politiques et les autorités de transition. Il souligne notamment que la dissolution et la suspension de partis d’opposition, combinées à un manque de concertation sur les réformes institutionnelles, exacerbent les tensions et compromettent la crédibilité du processus électoral.
Sur le plan juridique et institutionnel, les experts relèvent un cadre légal incertain, estimant que la Guinée ne dispose pas encore d’une base réglementaire claire pour encadrer les élections. De plus, l’indépendance et l’impartialité de l’organe en charge des élections sont mises en question, tandis que le fichier électoral suscite des doutes quant à son actualisation et sa transparence.
Les obstacles ne se limitent pas à ces aspects. L’ONU pointe également des carences logistiques et techniques majeures. Malgré l’annonce par le président d’une année électorale en 2025, le pays peine à réunir les ressources financières nécessaires. De plus, les infrastructures électorales sont obsolètes, notamment le système d’enregistrement des électeurs, qui nécessite une modernisation.
Pour pallier ces lacunes, la mission des Nations Unies recommande un dialogue inclusif, impliquant l’ensemble des forces politiques et la société civile. Elle préconise aussi un renforcement des capacités institutionnelles, afin d’assurer l’indépendance de la CENI et de fiabiliser la gestion du fichier électoral. Enfin, elle appelle à un soutien international, tant sur le plan technique que financier, pour garantir des élections crédibles.
Toutefois, ce rapport suscite l’indignation des autorités guinéennes, bien qu’il ait été commandité par le Premier ministre. Bah Oury, chef du gouvernement, rejette ses conclusions, estimant qu’il manque d’objectivité et ne reflète pas fidèlement la réalité du terrain.
Yacine Diallo
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