Le président français Emmanuel Macron poursuit mercredi au Caire un déplacement visant à prévenir l’escalade militaire après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et à relancer le « processus de paix » pour la création d’un Etat palestinien.
Après une première étape mardi en Israël, où il a présenté les condoléances d’un « pays ami, éploré devant l’acte terroriste le plus terrible de votre Histoire », le chef de l’Etat cherche à rencontrer des dirigeants arabes de la région.
Après s’être entretenu dans la matinée à Amman avec le roi Abdallah II de Jordanie, il s’entretiendra au Caire avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Une déclaration est prévue vers 16H locales (13H00 GMT) à l’issue de leur tête-à-tête.
L’Egypte est un médiateur incontournable entre Palestiniens et Israéliens et est partie des négociations pour la libération des plus de 200 otages enlevés en Israël par le Hamas. Elle tient également l’unique ouverture sur le monde de la bande de Gaza qui ne soit pas contrôlée par Israël.
C’est depuis l’Egypte que parviennent au compte-goutte depuis samedi des camions d’aide humanitaire, au grand dam de l’ONU qui réclame une aide massive pour les 2,4 millions de Gazaouis privés de tout.
En Jordanie, Emmanuel Macron a aussi fait un point sur la situation avec l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). « Accès à l’électricité en particulier pour les hôpitaux, accès à l’eau et à l’aide alimentaire: nous sommes mobilisés pour répondre aux besoins urgents des Palestiniens », a-t-il assuré sur X (ex-Twitter) en saluant l’agence « dont l’engagement pour les populations est vital ».
M. Macron s’est aussi rendu mardi en Cisjordanie occupée chez le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour marquer également son soutien au peuple palestinien.
« Une vie palestinienne vaut une vie israélienne », a-t-il martelé en appelant Israël à mesurer sa riposte aux attaques sans précédent du Hamas qui ont fait plus de 1.400 morts, en grande partie des civils, dont 30 ressortissants français. Neuf Français sont en outre portés disparus et probablement otages du Hamas à Gaza.
« Nous vous exhortons, président Macron, à faire cesser cette agression », a répondu M. Abbas. Le gouvernement du Hamas au pouvoir à Gaza fait état de 5.791 personnes, en majorité des civils dont 2.360 enfants, tuées par les bombardements israéliens depuis le 7 octobre.
Emmanuel Macron, rattrapé lui-même par des attentats islamistes en France, a donc pris soin d’afficher une politique équilibrée dans la région, avec l’ambition d’y jouer un rôle pour tenter de surmonter le séisme provoqué par l’attaque du Hamas.
Coalition contre le Hamas
Il souhaite ainsi réactiver la « solution à deux Etats », palestinien et israélien, qui semblait devenue caduque ces dernières années sur fond de normalisation progressive des relations entre Israël et pays arabes voisins. « Il est difficile en ce moment de parler de la reprise d’un processus de paix », a-t-il concédé alors qu’Israël panse encore ses plaies après des massacres sans précédent de civils sur le sol israélien.
« Mais elle est plus que jamais nécessaire » pour éviter que les « groupes terroristes les plus radicaux » ne continuent à prospérer, a-t-il déclaré à Ramallah. « Il ne peut y avoir de paix durable s’il n’y a pas la reconnaissance du droit légitime du peuple palestinien de disposer d’un Etat », a-t-il insisté.
Emmanuel Macron entend aussi tester auprès des pays de la région sa proposition d’une « coalition » internationale pour « lutter » contre le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Selon son entourage, il s’agirait de créer une nouvelle coalition, ou d’étendre au combat contre le Hamas celle qui existe depuis 2014 pour lutter contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, à laquelle participent Paris mais aussi des pays arabes. Pour l’heure, les experts doutent de la possibilité d’étendre ou répliquer la coalition visant l’EI.
De nombreux pays arabes ne partagent pas la position des Occidentaux sur le Hamas. Certains sont en outre ouvertement hostiles à Israël, notamment Bagdad, qui ne reconnaît pas l’existence-même du pays. Face à un risque d’embrasement du conflit, le président français a aussi appelé l’Iran, puissant soutien du Hamas, et ses alliés régionaux, le Hezbollah libanais et les Houthis au Yémen, à « ne pas prendre le risque d’ouvrir de nouveaux fronts ».
AFP
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